Apprendre les nombres sans comprendre: témoignages !

Les témoignages ci-dessous méritent toute notre attention même s’ils prêtent à sourire ; ils montrent que les irrégularités de la numération que l’on impose, aux enfants, pour apprendre les nombres ne passent pas inaperçues dans leur tête.
« Arrête de dire des bêtises, maman »
Maby, 3 ans, interrompt sa maman qui lui apprend à « compter » (04/2021), « Cinquante-huit, cinquante-neuf, soixante, …, soixante-sept, soixante-huit, soixante-neuf, soixante-dix, soixante et onze … » « Arrête de dire des bêtises, maman » …
Cette enfant de trois ans et avec elle tous les enfants francophones de trois, quatre, cinq ans et six ans sont parfaitement lucides. Le système de numération est illogique. Les enfants vont arriver à apprendre sans comprendre, pour la plupart, à surmonter ces « bêtises ». Certains n’y arriveront pas, avant l’adolescence ou l’âge adulte, nous en avons les preuves. Tous garderont une impression de flou et d’incertitude dans ce premier apprentissage.
« C’est encore monsieur le maire ? »
« Maîtresse, pourquoi il n’y a plus de bac à sable ? » « C’est monsieur le maire qui a décidé par mesure d’hygiène ». De retour en classe de calcul, en Grande Section, c’est la comptine « … sept, huit, neuf, … et après ? » « Dix-un, dix-deux, dix-trois ?, … » « Non, on dit « onze, douze, treize, … ». « Pourquoi on dit onze, douze ? » « Cela a été décidé en haut-lieu … » « C’est encore monsieur le maire, maîtresse ? ». Cette anecdote illustre les difficultés de l’apprentissage du nombre que tous les enseignants de l’école primaire connaissent bien.
« Un dix, deux dix, trois dix … »
Une maman qui apprend très tôt à compter à son fils, le fait naturellement en Slovène sa langue d’origine ; le papa français de souche, reprend, plus tard, à quatre ans, la comptine : « … sept, huit, neuf, dix, onze, douze, treize, … » L’enfant rectifie alors : on ne dit pas comme ça, papa, on dit « un dix, deux dix, trois dix, … » A l’ordre près, il valide la numération de Condorcet. Tous les enfants français de culture slave, arabe ou asiatique sont confrontés à la même difficulté, pour apprendre les nombres, en passant de leur langue maternelle au français, à l’école. La numération en français, apparaît alors comme étrangement compliquée et fantasque
« 6 014 ou 614 ? … »
Dans un hôpital, une infirmière demande à une jeune aide-soignante de sortir pour lire le numéro de la chambre au-dessus de la porte. Cette dernière revient et affirme 614. Impossible ! A cet étage, les chambres sont numérotées de six mille un à six mille cinquante … L’erreur est une conséquence directe de notre numération conventionnelle, dix, onze, douze, treize, … (608, 609, …, 6014, … à 20 ans ?!?)
« Combien entre 10 et 20 ? … »
… Pour construire un quadrillage orthonormé, je demande à l’élève de 18 ans, combien y-a-t’il (avec des mots simples) entre 10 et 20 ; elle a alors compté sur ses doigts et m’a répondu 8; devant ma surprise elle a recompté et a trouvé 9; étonnement à nouveau, elle a alors annoncé fièrement 10.
« Les adultes d’origine étrangère … »
Giulia témoigne : « … Et pour les nombres once, quinze…. C’est en passant par l’italien, le grec moderne et, plus récemment, l’ukrainien, que ces irrégularités ont été comprises. D’ailleurs, septante, octante et nonante sont plus logiques que soixante-dix, quatre-vingt et quatre-vingt-dix. En italien, settenta, ottenta, noventa. En espagnol, setanta, ochanta, novanta. En ukrainien, chistsat, simsat, vicimsat et deviatsat.
En ukrainien, après déciet, c’est adin (un), nat (dizaine) et tsyat qui veut dire que c’est le nombre après dix. Dvatnatsyat pour douze etc… Pour vingt, dvadtsiat, trente, tritsiat etc…. La seule irrégularité, c’est sorok, qui est quarante. Et pour le cent, c’est sto. Pour le numéro des urgences déminage en Ukraine, c’est stodyn, soit 101. Pour les 1000, j’ai encore du mal mais ça avance.
En passant par les langues étrangères, les irrégularités du français ont enfin été comprises et Giulia a pu apprendre les nombres.
« Les enfants d’origine étrangère … »
Shadée témoigne : « … Mon fils étant bilingue, nous pratiquons en anglais, car le système de numération en français semble incohérent et mon fils se plaint constamment de son illogisme. Il n’a toujours pas bien retenu les « soixante-dix », les « quatre-vingt » et les « quatre-vingt-dix » et me demande toujours confirmation en anglais. Par contre, dès que je lui ai proposé « septante », « octante », « nonante », il les a immédiatement retenus et il traduit ainsi toujours mentalement dans sa tête. Il trouve que les français sont complètement bizarres et compliqués ! Voilà, nous sommes donc très heureux de rejoindre votre équipe, si tant est qu’Eliel apprécie les cours de votre équipe,
« Les anciens élèves … »
Je suis ravi de relire un de vos mails et de voir que l’association continue toujours son beau travail. Yanis vous passe le bonjour ; je ne sais pas si vous vous souvenez de lui, mais il est aujourd’hui en classe de 4ᵉ et obtient de très bons résultats, grâce aux bases solides que vous lui avez transmises, notamment grâce au boulier.
« Un américain à … New-York »
Un bel exemple de dénigrement français au sujet de notre Numération qui n’aide pas à apprendre les nombres… loufoque!
« L’effet Pygmalion à l’envers … »
Une maman rencontre la maîtresse de son fils en CP pour demander un glissement en CE 1. L’enfant lit couramment depuis la maternelle et s’ennuie. La maîtresse est opposée au glissement et explique cela par la non-acquisition de la Lecture qui pénalisera l’enfant pour suivre les consignes du CE 1. La mère est surprise. Son fils qui ne maîtrise pas la Lecture ?
La maîtresse appelle l’enfant et lui demande de lire un texte « LA-PE-TI-TE-MAI-SON-DANS-LA …». La mère interrompt la Lecture brusquement : « Maintenant tu arrêtes tes conneries, tu lis normalement ou tu t’en prend une » ; et l’enfant de reprendre une lecture très fluide : »La petite maison dans la prairie verte a des volets bleus et une jolie porte rouge. » La maîtresse interloquée, qui ne l’a jamais entendu lire comme ça « Mais pourquoi tu ne lis jamais comme ça en classe ? » ; et l’enfant sans une once de défi ou d’insolence « Mais Maîtresse, les autres quand ils lisent comme ça, vous leur dites que c’est très bien et vous leur mettez 10 /10 ! »
Aujourd’hui en Mathématiques, de nombreux élèves perdent 2 ans à l’Ecole de la République, en cycle 1 et 2. C’est du temps perdu investit pour apprendre les nombres ; pendant lequel ils pourraient développer d’autres apprentissages. Pour le pays c’est un classement international rédhibitoire.
« 350 + 10 »
A la question « 350 + 10 », Aurélie, dix-sept ans, en CAP, répond « 370 » et n’en démord pas, confirmant son calcul en répondant « 70 » à la nouvelle question plus simple « 50 + 10 »…
« Les jeunes en difficulté représentent 10 % de la population »
- A la question orale, « tu as seize ans, et dans vingt ans, quel âge auras-tu ? » Élise aussi en apprentissage, ne peut pas répondre; la question est donc simplifiée :
– «Dans un an, quel âge auras-tu?
– Dix-sept ans.
– Et dans deux ans?
– Dix-huit ans (en comptant sur ses doigts).
– Et dans trois ans ? »
… La réponse n’est jamais venue.
Ces jeunes en difficulté représentent 10 % de la population, selon Piaac et l’INSEE.
« La hauteur de la Tour Eiffel »
- Une jeune fille de 20 ans, en classe préparatoire scientifique, répond: « Heu … 20 mètres ?» à une question sur la hauteur de la Tour Eiffel … Les ordres de grandeur lui font défaut. L’intervenant note que, s’agissant de traverses métalliques, 2 pots de peinture verte de 10 kg devraient suffire et qu’un peintre expérimenté pourrait effectuer les travaux en, disons, 15 jours. La jeune fille a alors commencé à se rendre compte de l’absurdité de la situation…
« Perdu sans la calculatrice »
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Entendu à la fac, lors d’un contrôle en maths: « Si j’ai droit à la calculette, je suis sauvé, sinon je suis perdu ».
« L’innumérisme atteint même nos responsables »
- Deux ministres successifs de l’Éducation nationale, Xavier Darcos et Luc Châtel, ont été pris en flagrant délit d’incompétence en calcul : 10 objets coûtent 22 €, combien coûtent 15 objets ? A cette question Luc Châtel répond 16,50 € (???). Monsieur Darcos, à un problème similaire de proportionnalité sur le prix de crayons, a répondu à la journaliste: « Mais je ne sais pas faire ça, moi ! » et il s’est esquivé.
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Valérie Pécresse, ancienne ministre de l’Enseignement supérieur, constate que les impôts locaux de la Seine-Saint-Denis augmentent sous la gauche : « 30 % pour le département et 58 % pour la région. Pof ! 88 % au total ! ». Ce n’est pas l’erreur qui est critiquable, mais la logique naturelle qui est suivie, qui montre bien que la personne en cause ne maîtrise pas du tout les pourcentages.
« Des professionnels parlent de leurs difficultés en mathématiques »
Dire que le calcul et les maths ne servent plus à rien, c’est ne jamais avoir eu en face de soi ces professionnels qui vous avouent :
- « Je suis inspectrice des impôts et j’ai été obligé de réinventer le calcul à 32 ans et de me mettre au produit en croix… après avoir passé et réussi le concours des impôts ».
- « Je suis cadre au Conseil régional et j’ai découvert le sens de la division sur les bancs de l’Université à 25 ans, en maîtrise de Météorologie ».
- « Je suis professeure des écoles, j’ai 27 ans et j’ai découvert le sens des retenues dans les soustractions à … l’IUFM!»
- « Je suis chef de chantier en électricité et j’ai découvert le produit en croix à 33 ans quand j’ai été obligé de remplacer mon chef ».
- « Je suis maire d’une petite commune, et un des cantonniers a préféré attendre l’élu responsable pour estimer le nombre de camions nécessaires à l’évacuation d’un tas de gravats, retardant l’enlèvement et perturbant ainsi la circulation; en plus de la proportionnalité, il fallait tenir compte d’un petit calcul de volume !»
- « Je suis directeur commercial et je me suis rendu compte que les calculs de mes commerciaux (Bac + 2 minimum) étaient souvent fantaisistes. Chaque fois que je recrute de nouveaux commerciaux, sous un prétexte commercial, je les forme aux calculs de pourcentage … »
- « J’ai 44 ans, je suis cadre dans une société d’édition et chaque fois que je dois calculer un pourcentage, je fais appel à l’un de mes collègues. »
- Un jeune négociateur français dans une réunion internationale a demandé s’il pouvait utiliser sa calculatrice de poche, devant des Asiatiques médusés.